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Motif et impression avec de la teinture à l’indigo

L’indigo est un pigment naturel extrait principalement de l’indigotier, une plante tropicale de la famille des Fabacées, notamment Indigofera tinctoria. Ce buisson est cultivé pour ses feuilles qui contiennent des composés pouvant être transformés en indigo. En Europe, le pastel (Isatis tinctoria), une plante de la famille des Brassicacées, est également utilisé pour produire de l’indigo, bien qu’il soit différent de l’indigotier. Le pastel a été particulièrement cultivé dans le sud de la France dans le Languedoc, où il était aussi appelé guède (prononcez “guède”). Au contraire, dans le nord de la France, il est connu sous le nom de waide (prononcez “wéïd”). On peut constater que la teinture à l’indigo se retrouve un peu partout dans le monde, avec des procédés différents.

Motif et impression avec de la teinture à l'indigo

Un processus de production propre à chacun

Au Japon et ailleurs

Au Japon, dans les techniques traditionnelles de teinture, les feuilles d’indigo sont fermentées pour en extraire le pigment. Ce procédé, appelé sukumo, consiste à enterrer les feuilles d’indigo dans des fosses et à les laisser fermenter pendant plusieurs mois. La fermentation décompose les éléments présents dans les feuilles pour libérer le pigment indigo sous forme de pâte, qui est ensuite utilisée pour la teinture des tissus.

La méthode au Mali et chez les Dogon

Au Mali, notamment chez les Dogons, la production d’indigo suit une méthode similaire, mais un peu différente. Les feuilles d’indigo sont broyées et transformées en boules qui sont ensuite séchées à l’air. Ces boules subissent une fermentation similaire à celle du compost (comme pour le sukumo japonais), ce qui entraîne une transformation chimique du pigment. Cela leur donne une couleur noire au fil du temps. Une fois que les boules sont complètement sèches et noires, elles sont brisées et le pigment est extrait, puis dissous dans un bain d’indigo pour la teinture.

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Pour teindre à l’indigo, on n’a pas besoin de rajouter du mordant aux étoffes de fibre végétal, il faut juste laver le tissu avant de le teindre.

1. Recette de la pâte de réserve

La pâte de réserve est un outil essentiel dans le processus de teinture à l’indigo, ainsi que pour toutes les autres teintures naturelles. Elle permet de créer des motifs ou des zones protégées sur un tissu avant de le plonger dans le bain de teinture. En appliquant cette pâte sur certaines parties du tissu, vous empêchez ces zones d’absorber la couleur. Cela est très utile pour réaliser des designs originaux et détaillés. Vous pouvez aussi jouer avec des effets de contraste entre les zones teintes et non teintes. La pâte de réserve permet également de maîtriser des techniques de teinture telles que le shibori ou le batik.

La recette de pâte de réserve

  • 100g d’eau tiède (eau non calcaire. Donc eau de pluie ou eau déminéralisée), 
  • 20g gomme arabique (grande surface de bricolage)
  • 10g sulfate de magnésium (pharmacie)
  • 30g d’argile (terre). Vous pouvez utiliser du kaolin, disponible en pharmacie, ou du rhassoul que l’on trouve en magasin bio. Sinon, vous pouvez opter pour de l’argile de poterie ou de sculpture, disponible dans les magasins de loisirs créatifs, ou même de l’argile du jardin, à condition qu’elle soit correctement filtrée.

Il vous suffit de mélanger tous les ingrédients. La consistance doit être celle d’une crème pâtissière (miam !). Si ce n’est pas le cas, ajoutez un peu d’argile pour épaissir le mélange. La pâte de réserve ainsi obtenue peut se conserver quelques jours au réfrigérateur ou être congelée. Lors de la décongélation, ajoutez un peu d’eau pour retrouver la consistance crémeuse désirée.

2. Pour réaliser la cuve d’indigo pour teinter du lin, du coton ou du chanvre

La cuve désigne à la fois le récipient dans lequel le bain d’indigo est préparé et la solution elle-même. L’indigo, dans sa forme brute, est insoluble dans l’eau. Pour le rendre soluble et permettre sa teinture, on utilise des agents réducteurs comme du sucre, de la cendre ou du fer, qui favorisent la réduction de l’indigo en une forme soluble. Une fois que le tissu est plongé dans cette cuve, il prend progressivement la couleur bleue, et à chaque immersion, la teinture devient plus intense. Le processus de réduction permet à l’indigo de se fixer sur les fibres du tissu, créant ainsi la couleur bleue caractéristique de ce pigment.

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Matériel nécessaire pour la cuve d’indigo

  • 10 litres d’eau à 50°C
  • 10g de poudre d’indigo (green ings)
  • 20g de sulfate de fer en poudre (pas le jaune) – grande surface de bricolage 
  • 30g de chaux aérienne et teinte de bâtiment 
  1. Dissoudre l’indigo avec un peu d’eau, puis mélanger l’indigo dans le seau de 10 litres en faisant un vortex (tourbillon)
  2. Rajouter du sulfate avec un peu d’eau dans le vortex. L’indigo est obtenu par la disparition de l’oxygène dans le mélange, il faut donc mélanger avec le principe du vortex et surtout ne pas aérer la préparation.
  3. Verser la chaux puis laisser poser 10 min 
  4. Après 10 min, remuer en faisant un vortex pendant 20 secondes. Laisser à nouveau reposer durant 10 min
  5. Recommencer encore l’étape 4. Jusqu’à ce qu’apparaisse en surface une écume verte : la fleurée. Tant qu’on n’a pas la fleurée, on n’a pas l’indigo
  6. Attendre 12 heures minimum avant d’utiliser l’indigo

L’indigo ainsi réalisé peut se conserver plusieurs années. Il faut le couvrir pour éviter l’évaporation. Si jamais il tourne, il faut le réchauffer au bain-marie à 50°C, le mélanger en reprenant la technique du vortex 20 secondes, etc. Ajouter un peu de sulfate de fer, remuer, atteindre, ajouter la chaux jusqu’à obtention de la fleurée.

3. La technique pour créer des motifs et impression pour la teinture de l’indigo

On travaille sur un carré de tissu parfaitement repassé. Ce carré est ensuite posé sur 2 ou 3 épaisseurs de papier essuie-tout (sopalin), afin que le papier absorbe l’excès d’humidité de la pâte de réserve. À l’aide de la pâte de réserve, on dessine les motifs sur le tissu, en veillant à couvrir les zones qui ne seront pas teintées.

Pour créer et imprimer vos motifs d’indigo sur vos tissus, plusieurs techniques sont possibles :

  • Dessiner au pinceau
  • Utiliser un pochoir et un pinceau pour pochoir
  • Utiliser un cadre de sérigraphie et un pochoir 
  • Utiliser un flacon stylo 
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Petite astuce : pour accélérer le travail, vous pouvez sécher la gomme de réserve au sèche-cheveux. Amenez le sèche-cheveux à l’aplomb de la zone à sécher et allumez-le seulement à ce moment-là… sinon, le tissu risque de s’envoler…

Comment travailler la teinture à l’indigo pour créer des motifs et des imprimés ?

Il existe plusieurs façons de travailler la teinture à l’indigo, chacune ayant ses particularités pour créer des motifs uniques sur le tissu.

  • Le shibori : Cette technique japonaise repose sur l’utilisation de liens et de compressions pour empêcher la couleur de pénétrer les fibres du tissu. Le tissu est plié, tordu ou cousu, puis noué à certains endroits. Ces zones sont ainsi protégées de la teinture, créant des motifs contrastés, comme des vagues, des cercles ou des lignes. Le shibori est souvent comparé au tie-dye, mais il inclut des méthodes de manipulation plus complexes du tissu.
  • Le noïsomé (ou nui-some) : Cette technique utilise une pâte à base d’amidon de riz pour créer des réserves sur les zones qui ne doivent pas être teintes. Une fois la pâte appliquée, le tissu est plongé dans le bain de teinture. Le nom noïsomé pourrait être une variation de nui-some (terme japonais), désignant l’application de motifs en utilisant cette pâte.
  • La technique du “mud resist” : CetteC’est cette technique que nous allons vous apprendre plus bas dans cet article. Le tissu est recouvert de cette pâte avant d’être plongé dans le bain d’indigo. Les zones recouvertes de boue ne seront pas teintes, créant ainsi des motifs distincts. Cette technique est ancestrale et très présente dans des traditions de teinture comme le Bandhani et le Batik indien, où la boue ou la terre est utilisée pour résister à la teinture.

Ces techniques permettent de jouer sur les contrastes entre les zones teintées et non teintées, offrant ainsi une variété infinie de motifs et de styles en utilisant le bleu profond de l’indigo.

Auteur : Anne-Laure Mattera
Auteur : Anne-Laure Mattera
Biographie : féru des arts créatifs, je suis passionnée par le bricolage et le fait main. Sur le blog Malinelle, je partage avec vous tous mes conseils à travers des articles dédiés aux arts créatifs. Je vous livre alors des idées inspirantes ainsi que des tutoriels dans les activités de la couture, de la décoration, des beaux-arts et bien d'autres encore.

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